BIBLE ET THEOLOGIE, L'INTELLIGENCE DE LA FOI

MIES/COLLECTIF/MARTY

LESSIUS

Résumé :

«Fides quaerens intellectum». La foi cherche l'intelligence. De mille manières. Dans un poème, un récit, une argumentation. Dans un discours sur Dieu, De Deo, ou un discours adressé à Dieu, Ad Deum. La théologie s'élabore précisément comme «intelligence de la foi».

Faire passer la question par Dieu, la déposer en Dieu, in Deo. Tel est bien, en effet, le geste spécifiquement théologique, inconnu du philosophe. On pourrait dire, de manière toute générale, que le propre de la théologie est là : quelque question que ce soit, la prendre, la poser en Dieu, lui faire traverser le mot Dieu comme une «résistance», et voir ce qu'il en adviendra.

Encore faut-il s'accorder sur ce «Dieu», de manière à ce qu'il ne reste pas un mot vide. En christianisme, il s'agit du Dieu qui s'est révélé dans l'histoire humaine - et, de manière plénière, en Christ -, dont l'Ecriture sainte témoigne. Si le christianisme n'est pas une religion du livre au sens où l'islam peut l'être, il est bien une «religion avec livre». «Ignorer l'Ecriture, c'est ignorer le Christ», écrivait Jérôme, dans un commentaire, soulignons-le, d'un livre de l'Ancien Testament. La théologie est donc reconduite à la Bible et à toute la Bible.
«Bible et théologie». Voilà huit ans déjà qu'au sein des Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix (Namur) fut conçu le projet, par un cycle annuel de conférences et la publication de leurs Actes, de confronter la Bible et une discipline qui ordonne le savoir, l'expression et l'action : Bible et littérature, et histoire, et droit, et économie, et sciences, et médecine, et sciences des religions. Enfin, Bible et théologie ? Cette longue patience n'est pas un détour inutile, pas même un détour. Le Dieu qui se révèle dans la Bible est un Dieu qui se révèle dans le temps et le langage, dans l'incarnation sous toutes ses formes. Toutes les dimensions de l'humain et de la société s'en trouvent touchées, traversées de l'intérieur. Aussi peut-on dire que les sept livres précédents ne sont pas moins théologiques que celui-ci et que ce volume, «Bible et théologie», n'est pas moins anthropologique que les précédents.