FACE A L'IDOLE ARGENT, LA REVOLUTION DU PAPE FRANCOIS
DE PLUNKETT PATRICE
ARTEGE
Résumé :
Patrice de Plunkett, journaliste et essayiste français, a travaillé au Figaro Magazine. Depuis 2011 il est chroniqueur à Radio Notre-Dame et l'auteur de plusieurs essais religieux, notamment sur le thème de l'écologie dans le christianisme dont L'écologie de la Bible à nos jours
Dans son nouveau livre, Face à l'idole argent, la révolution du pape François, il dénonce l'argent qui « rase tout pour agglutiner l'humanité en un seul magma de consommateur » et raconte le combat du Pape contre le veau d'or, qui détruit non seulement la morale de nos sociétés mais aussi notre planète. Dans sa dernière encyclique Laudato si', il appelle à une défense par les chrétiens de la « maison commune ».
Aleteia : Le pape François dénonce « la dictature de l'idole argent ». Quel lien faites-vous entre le déclin du religieux et l'ascension d'un capitalisme sauvage ?
Patrice de Plunkett : Tout d'abord, ce capitalisme est « sauvage » depuis les années 1980-1990, quand les gouvernements ont cessé de faire contrepoids à l'Argent
Ensuite, ce « libéralisme totalitaire » rétrécit et aplatit l'horizon de la vie : comme le souligne aussi le pape dans Laudato Si', il formate nos comportements. Il combat les critères de jugement éthique qui peuvent freiner la consommation en tous domaines : d'où son hostilité envers le catholicisme. Il donne une mentalité d'hyper-individualisme au consommateur et au salarié, et il enferme l'individu dans l'utilitaire, l'émotionnel, l'éphémère et l'instant présent. D'où une allergie au régulier, au durable, à l'engagement, à la gratuité… Cette allergie n'épargne pas les milieux catholiques : les moins motivés abandonnent la pratique, mais les « apparemment motivés » ne sont pas indemnes : nombre d'homélies sur la crise des vocations suggèrent un examen de conscience aux paroissiens qui n'imagineraient pas que leurs fils deviennent prêtres et non financiers ! Ce qui contamine le catholicisme français ne lui est pas réservé : c'est juste une version de la pollution mentale générale, qui sévit dans toute la société sous des formes diverses.
Vous écrivez « le libre-échange est aujourd'hui un dogme contre lequel il n'existe pas de droit au blasphème ».
J'écris ça au chapitre 2, en expliquant pourquoi le libre-échangisme, engrenage permanent de l'OMC, est l'une des causes de l'échec de toutes les grandes conférence climatiques internationales _ et en quoi l'explosion des transports intercontinentaux depuis 2001 est l'un des facteurs du changement du climat… Quant à l'allusion au « droit au blasphème », c'est une ironie qui vise la posture quasi-antireligieuse de notre classe politico-médiatique depuis les années 1990.
Ce dogme est d'ordre économique mais aussi moral. Quelles conséquences constatez-vous pour la famille traditionnelle et le comportement de la jeunesse ?
L'ultralibéralisme déstructure l'humain pour l'ajuster à l'économique. Il supprime les repères éthiques pour pouvoir tout commercialiser, par delà bien et mal. Il dissout les structures sociales pour ne plus voir que des individus. On en voit les conséquences pour la famille : les « réformes sociétales » en marche sont issues de cette idéologie économique… Sur le plan éducatif, les psychopédiatres constatent les effets nocifs de « l'obsession du style de vie consumériste », comme dit le pape : un déréglement des pulsions, infusé par le marketing comme une addiction sans limites qui fait perdre le sens des réalités.
Dans votre livre vous décrivez un « nouvel homme qui n'est rivé à rien » et a perdu toute valeur autre que celle de la lutte pour la puissance économique
C'est selon la position de l'individu dans le système. S'il est salarié-consommateur de base, il n'est que la cible d'un formatage. Sa responsabilité morale est donc faiblement engagée. En tant que salarié sa marge de liberté de choix est presque nulle. S'il est consommateur, il a quand même la possibilité de refuser un certain type d'achats addictifs
En revanche, si l'individu fait partie des leaders économiques et financiers, sa responsabilité morale est beaucoup plus grande : il peut éviter de « sacraliser » les « mécanismes du système économique dominant », comme dit le pape François _ et de faire ainsi partie de ces « dirigeants de l'économie » en la « bonté » desquels François nous invite à ne pas faire « une confiance grossière et naïve »
Le saccage de la planète est une conséquence de l'emballement du capitalisme sauvage. Dans sa dernière encyclique Laudato si', François appelle à la défense de la « maison commune ». À la veille de la COP21, pensez-vous que son message puisse influencer la décision finale des chefs d'État ?
Je montre dans mon livre ce à quoi
Oui : ce que François propose est réellement, concrètement, une révolution.
Propos recueillis par Camille Tronc
CARACTÉRISTIQUES
Catégorie | Livres | Date de parution | 5 novembre 2015 | EAN | 9782360405916 | ||
Auteur | DE PLUNKETT PATRICE | Éditeur | ARTEGE | Format | 210.0 * 125.0 mm | ||
Prix TTC | 17.5 € | Poids | 260.0 g | EAN | 9782360405916 | Collection | ESSAIS |