GRAMMAIRE DE L'ASSENTIMENT

NEWMAN

AD SOLEM

Résumé :

Après 10 années de travail et de réflexion sur le problème de la croyance religieuse, John Henry Newman publie en mars 1870 la Grammaire de l'assentiment, que l'on peut considérer comme son testament philosophique. Dans ce livre,

Newman tente de montrer que l'acte de foi posé par l'intelligence devant le mystère révélé, même s'il est obscur, ne signifie pas que la raison renonce à ses propres exigences, ou exige moins de preuve que la démonstration  hilosophique ou scientifique. L'assentiment religieux est bien rationnel, mais la raison qu'il implique n'est pas la  

rationalité étroite des Lumières ou des philosophes empiristes anglais. Elle implique aussi l'affectivité, le coeur, finalement tout l'homme _ « c'est l'homme tout entier qui pense » affirme Newman _ qui pense, qui sent, qui aime. La raison pour Newman est non seulement « noétique », ordonnée à la connaissance, mais aussi éthique. Son adhésion à la révélation n'est pas déterminée d'abord par des preuves philosophiques ou scientifiques de l'existence de Dieu, mais avant tout par l'écoute intérieure de la conscience, par un retour de la raison sur cette voix au plus profond de nous, qui à mesure que nous y sommes attentifs devient toujours plus claire, au point de nous laisser percevoir la présence de Dieu derrière cette voix, en nous, puis dans le monde, et enfin dans l'Eglise. Dans cette perspective, le magistère de l'Eglise ne vient pas violer de l'extérieur la conscience de l'homme et sa liberté. Au contraire, il fait écho à la voix de la  conscience et achève de la former et de l'affiner en mettant un visage sur cette voix fragile et pure tout à la fois _ le visage du Logos, la Parole de Dieu faite chair en Jésus-Christ. C'est ainsi que peut se comprendre une phrase célèbre de

Newman : « Si j'avais à lever un toast, je boirais à la conscience d'abord, puis au pape ».