JEAN PAUL DE DADELSEN SAGESSE DE L'EN-BAS

FRANCK EVELYNE

ARFUYEN

Résumé :

Extrait de l'introduction

Homme d'action, Jean-Paul de Dadelsen a vécu intensément son époque. Passé en Angleterre en 1942, il s'est engagé dans les Forces Françaises Libres. Il fut le correspondant de Combat à Londres, tint des chroniques régulières à la BBC de 1946 à 1949. Il travailla avec Denis de Rougemont à Genève et avec Jean Monnet à Luxembourg. Un jour, il présenta un de ses condisciples, un certain Georges Pompidou, au général de Gaulle, qui ne le connaissait pas.

Au moment de sa mort, Dadelsen préparait un long poème, Jouas, qu'il n'eut pas le temps de finir, ne laissant que des poèmes préparatoires et des fragments. Camus, de qui il avait été le collaborateur et l'ami, eut le souci de faire publier ces textes, grâce auxquels la poésie française s'enrichissait de possibilités neuves. Cinq ans après la mort de Dadelsen, en 1962, grâce au soutien d'Henri Thomas, de Jean Paulhan et de Jacques Brenner, Jonas était publié aux éditions Gallimard. Le livre existe en collection de poche Poésie-Gallimard depuis 20052. D'autres écrits de Dadelsen ont été rassemblés bien des années plus tard par Baptiste-Marrey dans le volume Goethe en Alsace*. Enfin, attendues depuis cinquante ans, les lettres et poèmes du «dossier de l'oncle Eric» devraient paraître bientôt, éclairant d'une lumière nouvelle la genèse de cette oeuvre singulière.

Cette oeuvre, voici fort longtemps que je veux la travailler. Il y a quelques vingt-cinq ans, lorsque je décidai de réfléchir sur le dialogue de la littérature contemporaine avec les Écritures, il me sembla évident qu'un jour il me faudrait «prendre du temps avec Dadelsen». Écrire sur lui était aussi, d'une certaine façon, affaire de politesse : ne nous étions-nous pas croisés, tous deux alsaciens, lui mort en juin 1957 et moi née en février de cette même année ?

Plus profondément, il y a ces textes où Dadelsen manifeste une inquiétude lancinante de l'ombre et qui me sont d'emblée apparu comme un appel : «Ombre, / qui regardes par-dessus mon épaule / que puis-je faire pour toi ? [...] / Ombre, que puis-je pour toi ? / Avec mes jeux bornés, mes yeux rivants, / avec mes mains obtuses, vivantes, / avec ce corps, avec ce temps qui m'est laissé, I Ombre, veux-tu que je regarde / pour toi / ces visages, ces paysages / pour toi / ces fleurs, ces cheveux, ces choses ? Il veux-tu que j'essaie / avec toi / de soulever un peu du lourd fardeau accumulé ?» (J 90-1 ; voir aussi J 168).

Plus explicite encore, il y a ce poème de la suite de Pâques 1957, où l'auteur se perçoit déjà comme une ombre et nous dit : «Dites-moi bonsoir, dites-moi bonjour, bonjour surtout, / bonjour longtemps à l'orée des journées à travailler / dites-moi bonjour pour m'appeler moi maintenant, / moi à mon tour, toi à ton tour, nous à notre tour I pour nous appeler I à la création.» (J 154).

Cependant, avant d'écrire sur - ou avec - Dadelsen, il s'agissait pour moi d'être construite, reconstruite : sur le versant désespéré de son oeuvre, je me sentais trop en danger. Aux approches de la cinquantaine, je me suis sentie enfin prête.

13.5 € (0 en stock)
CARACTÉRISTIQUES
Catégorie Livres Date de parution 7 février 2013 EAN 9782845901810
Auteur FRANCK EVELYNE Éditeur ARFUYEN Format 185.0 * 122.0 mm
Prix TTC 13.5 € Collection CARNETS SPIRITU EAN 9782845901810 Poids 152.0 g

LA PROCURE VOUS RECOMMANDE