LA DIVINE CONSOLATION

MAITRE ECKHART

RIVAGES

Résumé :

Oeuvre de maturité, pour ne pas dire, oeuvre crépusculaire de la vie de Maître Eckhart, le Livre de la divine consolation, suivi du traité De l'homme noble, est en fait un double livre, c'est-à-dire un diptyque réuni sous le titre de Liber " benedictus deus " (Livre "Béni soit Dieu"). Ce dernier titre était tantôt mieux connu que les deux autres, notamment auprès de l'Inquisition. Tout indique, en effet, que c'est sous cette forme de diptyque, envoyé pour consoler le chagrin d'une reine, que le " Benedictus Deus " a déclenché le procès d'hérésie contre Maître Eckhart. Quoi qu'il en soit, la perspective de consoler une reine - en l'occurrence, Agnès de Hongrie, fille d'Albert Ier de Habsbourg - n'aurait sans doute pas suffi à Maître Eckhart. Car selon Eckhart, fils de chevalier, ce n'est pas la noblesse du sang et de l'épée qu'il convient de quérir ni d'affirmer. Même pour une reine, ce qui compte, c'est la noblesse de l'âme, comme il est dit dans le traité De l'homme noble. Cette noblesse de l'âme est universelle : elle consiste en la présence cachée de Dieu en chacun de nous.
Le principe essentiel du discours consolateur de Maître Eckhart dérive de la même approche. En somme, " divine consolation " ne signifie rien d'autre que de retrouver la présence cachée de Dieu en nous : en premier lieu par la grâce divine et en second lieu par le détachement des images de toutes les créatures. Oui, pour que cette grâce se réalise, une seule chose est nécessaire : s'ouvrir à Dieu, le laisser naître dans le fond de l'âme, sachant que Dieu seul apporte la vraie consolation.
La présente traduction de Wolfgang Wackernagel, tout aussi herméneutique que celle des Conseils Spirituels (Rivages/Poche n° 408, 2003) est une sorte d'hommage aux précurseurs. En effet, pour la première fois, ce diptyque " Benedictus Deus " est traduit, présenté, et annoté de façon indépendante. Il retrouve ainsi la forme qu'il connut jadis, entre les mains de la Reine Agnès, entre celles des Inquisiteurs, et finalement et surtout, entre celles des lecteurs.