LA JOIE DE L EVANGILE

PAPE FRANCOIS J.

PAROLE SILENCE

Résumé :

A PARAITRE prochainement

 

" La joie de l'Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l'isolement. Avec Jésus Christ, la joie naît et renaît toujours. Dans cette Exhortation, je désire m'adresser aux fidèles chrétiens pour les inviter à une nouvelle étape évangélisatrice marquée par cette joie et indiquer des voies pour la marche de l'Église dans les prochaines années."

 

Avec près de 240 pages, c'est toute la feuille de route de l'Église que déroule pour nous le pape François. Rien n'est tabou dans son propos : la nécessité de la transformation missionnaire de l'Eglise, la crise de l'engagement, la fin d'un monde, la nécessité de l'annonce par TOUS les chrétiens, l'enracinement spirituel de chacun et de tous, en paroisse comme en communauté, le dialogue avec les religions, l'attention aux plus pauvres et leur intégration dans la société : " De même que le commandement de ne pas tuer pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd'hui, nous devons dire non à une économie de l'exclusion et de la disparité sociale. Une telle économie tue. Il n'est pas possible que le fait qu'une personne âgée réduite à vivre dans la rue, meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en bourse en soit une. Voilà l'exclusion. "

 

Pour témoigner de la présence du Christ au coeur du monde, le devoir des chrétiens est d'être des porteurs d'espérance et de joie partout où ils sont, et surtout au-delà des chapelles qu'ils pourraient être tentés de former afin de se rassurer !

Un texte fort, un nouveau signe de la présence intense du pape François sur tous les champs de la vie humaine.

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« NE NOUS LAISSONS PAS VOLER LA JOIE DE L'ÉVANGÉLISATION ! » (E.G. 83)

 

 

 

Cette invitation est un bon résumé de l'Exhortation Apostolique Evangelii Gaudium que le Pape François vient de donner à l'Église comme conclusion de la session du Synode des évêques sur la nouvelle évangélisation et pour la clôture de l'année de la Foi. Chacun a pu remarquer que, dans cette circonstance, l'exhortation, premier grand texte dont le Pape est l'auteur, indique aussi les grands axes de son ministère pétrinien, tel qu'il le comprend et tel qu'il souhaite le conduire. Le ton très personnel de l'expression comme la reprise de beaucoup de thèmes déjà abordés par le Pape dans différentes circonstances donnent un statut particulier à cette exhortation. Faut-il parler d'un discours programme ? Ce serait sans doute excessif. Mais, du moins peut-on y voir des arêtes et des accentuations qui éclairent les huit premiers mois du pontificat et dévoilent, de source autorisée, les orientations du Pape. Plus qu'un résumé dont on a déjà beaucoup d'exemples, je souhaite proposer au lecteur, quelques repères méthodologiques pour accompagner sa découverte de l'exhortation et, je l'espère, des indications pour en tirer le meilleur parti.

 

Le Pape François prend soin de préciser l'objectif et les limites de son propos. Il ne traite pas de toutes les questions possibles concernant l'évangélisation et il ne veut pas donner des solutions universelles aux questions particulières rencontrées par les évêques dans leurs responsabilités locales. En rappelant la mission de chaque évêque et des conférences épiscopales, le Pape développe son intention de promouvoir un exercice plus synodal du ministère de l'évêque de Rome. En soulignant les grandes caractéristiques de la situation actuelle de l'évangélisation, il donne des exemples pratiques pour stimuler la réflexion et l'action des églises particulières, non pour se substituer à leur travail. D'une certaine façon, il nous donne une illustration concrète de sa pratique de la communion apostolique : suggérer, éclairer le discernement, désigner les domaines de l'expérience humaine que l'Église doit évangéliser, exhorter au travail et à l'action. Il le fait à partir de son expérience personnelle et en se référant à divers exemples de conférences épiscopales, comme celle des U.S.A., de France, des Philippines et, évidemment de la Conférence Latino-américaine (CELAM).

 

De manière plus ambitieuse et plus libre, le Pape renouvelle à plusieurs reprises son appel à la conversion de l'Église pour développer son engagement missionnaire centré sur la personne du Christ. Il le fait en exposant largement la richesse que représente la foi au Christ, sa puissance de paix, d'endurance et de sérénité pour affronter les différentes situations de vie, même les plus difficiles. Il le fait en appelant les chrétiens, et avec eux tous les hommes de bonne volonté, à assumer leur responsabilité à l'égard de leurs contemporains. Cette responsabilité concerne l'organisation économique et politique du monde : les injustices et les atteintes aux droits de l'homme sont génératrices de violences sociales et de guerre. De même, il nous rappelle notre responsabilité de « gardien » du monde qui nous est confié : gardien de nos frères, surtout les plus maltraités ; gardien de la création. Chaque Église, dans la situation qui est la sienne, doit chercher les moyens adaptés pour exercer cette responsabilité.

 

En analysant les obstacles ou les résistances à l'annonce de la Bonne Nouvelle, le Pape nous invite à ne pas nous laisser entraîner dans une sorte de fatalisme, source de tristesse et d'inaction, mais à mieux évaluer la force que représente pour nous la foi au Christ et les fruits déjà perceptibles de cette force à travers la vie de tant de chrétiens enracinés dans l'espérance. La lucidité à laquelle il nous invite n'est ni une condamnation des hommes entraînés dans des idéologies ou des pratiques mauvaises, ni un renoncement devant les difficultés. Elle devient un acte d'espérance si nous la vivons dans la foi, les yeux fixés sur le Croix du Christ.

 

Tous ceux et toutes celles qui ont été baptisés et confirmés dans le Seigneur, sont appelés à participer à l'annonce de la Bonne Nouvelle. La mission n'est pas une option facultative ou un choix particulier à certains chrétiens. Elle est la mission de tous. Cette mobilisation générale pour la mission marquera un réveil pour certaines parties de l'Église qui gardent trop souvent les yeux fixés sur leur passé, même s'il a été glorieux. C'est aujourd'hui que nous devons vivre du Christ dans tous les domaines de l'existence humaine et que nous devons l'annoncer. C'est de cette annonce de la Bonne Nouvelle que jaillit notre joie de croire. Malgré les difficultés, parfois très cruelles, de l'existence, nous sommes dans la joie parce que nous savons de science certaine que Dieu ne nous abandonne pas. Nous sommes dépositaires d'une espérance extraordinaire, alors que tant de nos contemporains avancent sans savoir ni où ils en sont ni où ils vont.

 

Cette mission d'évangélisation se réalise par des moyens très différents selon nos âges, nos possibilités et nos situations. Mais on notera que le Pape, après avoir signalé les possibilités et la nécessité de l'annonce directe du kérygme, nous rappelle que cette annonce est indissociable de la lutte pour la transformation de la société vers plus de justice et de maîtrise. La lutte contre la pauvreté ne saurait se limiter à l'aide d'urgence que nous devons apporter à ceux qui sont en danger de mort. Elle suppose un travail politique pour changer les injustices de la mondialisation financière et promouvoir un nouvel ordre économique. Les disciples du Christ ne peuvent pas se laisser submerger par l'indifférence généralisée. Ils doivent être en première ligne pour la défense des victimes d'une société du « déchet ». Dans la continuité de l'enseignement de Benoît XVI, François rappelle les grandes orientations de la doctrine sociale de l'Église et l'urgence à la promouvoir et à la mettre en pratique.

 

Le Pape François nous appelle à renouveler notre participation à l'évangélisation par la pratique du dialogue, dialogue entre la foi, la raison et les sciences ; dialogue œcuménique, dialogue avec le judaïsme, dialogue interreligieux et dialogue avec la société. Cette mission et cette aventure ne sont possibles à vivre que si nous renouvelons notre rencontre personnelle avec l'amour de Dieu manifesté en Jésus qui nous sauve.

 

Le 28 novembre 2013

 

Cardinal André Vingt-Trois

Archevêque de Paris