LA PROPHETIE D'ASSISE - 3 - DE L'AMOUR

LAURENT ISABELLE

ARTEGE JEUNESSE

Résumé :

Extrait du prologue

2 avril 1994

L'archange se tenait devant lui. Ce n'était ni celui du rêve de sa jeunesse, ni celui du combat. Son coeur se réjouit.
Le père Antoine, entouré de ceux qu'il avait portés nuit et jour pendant plus de la moitié de sa vie, venait de prononcer ces paroles ultimes:
- Par la confiance et l'amour, retenez cela mes enfants, retenez cela, retenez-le... Quand je ne serai plus là, il faudra l'inscrire en lettre de feu dans votre coeur, à temps et à contretemps, toujours... et toujours... et toujours encore...
Les derniers mots se devinaient dans un ultime souffle. Il abaissa de lourdes paupières sur ses yeux fatigués. Une lumière éblouissante l'aveugla.

Resplendissante, la créature céleste s'inclina profondément, tout en s'écartant afin de dévoiler une autre créature, plus belle encore. Celle-ci offrit un regard empreint de tendresse au père Antoine en ouvrant ses bras pour l'accueillir. Quand le père Antoine la reconnut, son visage s'illumina, laissant sur son corps terrestre les traces de cette vision divine.
Le père Antoine l'avait suivie pas à pas, tout au long de sa marche humaine. Il contemplait enfin celle à qui il s'était entièrement consacré. A Jésus par Marie, le plus sûr chemin du ciel!
Marie, la mère de tous les temps, invita l'archange à accomplir sa tâche. Il glissa alors un petit papier dans la main du père Antoine en pointant un doigt vers la terre. Le vieil homme distingua François, Claire, Babeth et Luggi aux pieds de sa dépouille mortelle. Ils venaient de découvrir les stigmates, secret céleste qu'il avait toujours tenu caché aux yeux de tous.
Marie le considérait avec une immense reconnaissance, avec un regard qui en disait long, tel celui qu'elle avait adressé à Simon de Cyrène, deux mille ans plus tôt, sur le chemin du Golgotha, tel celui qu'elle offrirait à son deuxième protégé, le même jour d'une autre année. Son heure approchait, à lui aussi. Les deux hommes avaient partagé la croix de son Fils, la croix destinée à sauver le monde, tant aimé par Dieu. Ce monde qu'elle-même couvait des yeux, comme une mère couve ses petits.
Il était venu le temps du royaume de l'amour, le temps où les hommes allaient enfin comprendre le message de son Divin Fils. La femme de l'Apocalypse avait choisi, en ce temps douloureux pour l'humanité, en ce temps de passage, deux âmes particulières. Deux âmes humaines auxquelles elle avait susurré son secret, à cause de leur foi. L'une cachée, l'autre à la vue et à l'oreille du monde entier. Instantanément ces âmes s'étaient offertes, l'une et l'autre, comme humbles servantes de la mère de Dieu, pour participer à la rédemption du monde. Marie pouvait tout leur demander, les deux âmes s'étaient entièrement remises à celle qui faisait le lien entre l'humanité et la divinité, celle qui avait le pouvoir de changer l'heure divine!