TROIS TRAITES SUR LA DOCTE IGNORANCE ET LA COINCIDENCE DES OPPOSES
NICOLAS DE CUES
CERF
Résumé :
Le cardinal Nicolas de Cues (1401-1464) a entrepris au milieu du XVe siècle une réforme philosophique d'une singulière audace grâce à laquelle il a pu rénover les disciplines de l'épistémologie, de l'ontologie et de la cosmologie. Son grand ouvrage intitulé « La docte ignorance » (1440) dégageait une méthode nouvelle fondée sur le concept de « coïncidence des opposés » et amorçait le passage « du monde clos à l'univers infini ». Jusqu'à sa mort, survenue en 1464, le Cusain devait ensuite tirer toutes les conséquences de ces prémisses et appliquer sa méthode à l'ensemble des champs de connaissance. Les trois petits traités présentés ici en fournissent une illustration. « L'Apologie de la docte ignorance » (1449) est une réplique à la fois percutante et érudite à l'aristotélicien Jean Wenck qui avait incriminé le concept de "coincidentia oppositorum" : Nicolas de Cues y précise sa critique du principe de contradiction et sa construction d'une logique non duelle et y justifie la négativité radicale inhérente à la théologie mystique. Le « Complément théologique » (1453) esquisse le processus par lequel une infinitisation idéale des figures géométriques permet à l'intelligence humaine de se libérer du principe de contradiction et de s'élever jusqu'à l'Infini infigurable. Le bref traité sur « Le Principe » (1459) réitère la dialectique du « Parménide » platonicien systématisée par Proclus et adopte une métaphysique de l'Un en démontrant le primat du Non-Être sur l'Être et la prévalence de la négativité. Ces trois petits traités constituent un tout cohérent qui permet de discerner les intuitions fondamentales de la philosophie cusaine.