CHRISTUS 269 - 01-21 JANVIER 2021
Collectif
SER
Résumé :
Si l'irruption de la colère dans la revendication collective constitue une menace, force est de constater qu'elle est également l'expression d'une révolte légitime face à l'injustice. L'Église, au sein de laquelle s'élève avec force la voix des victimes de violences perpétrées par ses propres membres, n'est pas épargnée. La colère est une émotion réactive qui surgit en soi ; elle ne relève ni du bien, ni du mal. Il est dès lors possible de la considérer dans ses éclats sombres et lumineux et dans ce qu'elle produit, même si longtemps la tradition philosophique et spirituelle a posé sur elle un regard de condamnation. Les Pères de l'Église s'entendent sur le fait qu'elle doit être extirpée de l'âme bien qu'ils lui reconnaissent parfois aussi un caractère légitime. La colère est en effet nécessaire quand elle se fait protestation contre le péché et l'injustice et est dictée par l'amour. Dans la Bible, l'ire est avant tout l'affaire de Dieu. En lui font écho miséricorde et colère qui, toutes deux, signifient l'attachement de Dieu aux êtres humains. La tradition biblique confesse un Dieu en qui la colère ne contredit jamais l'amour. Cette émotion est un signe du vivant en nous, cela explique qu'elle s'invite jusque dans notre prière. On trouve au cœur de la prière biblique le combat intérieur dont la vie spirituelle ne peut faire l'économie : ainsi, la voix du psalmiste porte-t-elle tant les humeurs belliqueuses de l'âme inquiète que la louange fervente de l'orant. Cependant, la colère est un composé instable qui doit être manipulé avec prudence, tout croyant en fait l'expérience et doit apprendre à ne pas se laisser assourdir par le grondement d'une colère qui peut menacer d'étouffer la voix de Dieu en lui.
L'exemple d'hommes de foi mus par un tempérament irascible montre qu'il est possible de mettre ce trait au service de leur soif de justice et de vérité. Le pape François en est un. N'omettons pas cependant que la colère a le malheureux pouvoir d'engendrer un cortège de maux dont la haine. Quand celle-ci a semé la mort, comme au Rwanda, le pardon porté ensemble par ceux qui furent jadis ennemis semble bien être un moyen de surmonter l'irréparable.
Edito
CES INCONNUS INDISPENSABLES À NOS VIES
FABRE JEAN-LUC
Dossier du numéro
SOUVENIR D'UN JOUR DE COLÈRE
FABRE JEAN-LUC
UN CHEMIN DE VIE
ODILE LECLERCQ
FRANÇOIS, UN PAPE IRASCIBLE?
IVEREIGH AUSTEN
BIENVEILLANT COURROUX DE DIEU
CHEAIB ROBERT
UNE SÉPARATION
De la colère aux larmes
NATALIE HÉRON
UNE PASSION À MAÎTRISER
La colère selon les pères de l'Église
MICHEL FÉDOU
LA PRATIQUE D'UN PARDON COLLECTIF
GUILLOU BENOÎT
AMBIVALENTE ÉMOTION
ERMAN MICHEL
UN LIEN RENOUÉ
CARMÉLITES DE MAZILLE
UN TEMPS POUR LA COLÈRE?
ANNE-MARIE PELLETIER
FACE À L'INJUSTICE
Les cris de la colère
MARC LEBOUCHER
Lire et méditer
LES POLITIQUES DE L'ÂME
Direction spirituelle et Jésuites français à l'époque moderne
DAUDIN CLAIRE-ANNE
UNE BRÛLANTE USURE
Journal 2016-2017
JEAN-PIERRE BOULIC
PIERRE CANISIUS
L'infatigable réformateur de l'Église d'Allemagne
DOMINIQUE SALIN
DE L'HOMME DIVISÉ À L'HOMME DIVINISÉ
Dostoïevski, une anthropologie chrétienne
MARC LEBOUCHER
LES DOGMES
LAURE BLANCHON
EFFRONDREMENT OU RÉVOLUTION
FABRE JEAN-LUC
LES PARABOLES ÉVANGÉLIQUES
Nouveauté de Dieu et nouveauté de vie
LAURE BLANCHON