LANGAGES D'AMOUR DES ENFANTS

CHAPMAN GARY

FAREL

Résumé :

Comment parler le langage d'amour de son enfant et lui donner un contexte dans lequel il pourra croître et s'épanouir, se sachant pleinement accepté ? Chaque enfant est différent et parle un langage d'amour qui lui est propre. Ce livre aidera les parents à décrypter le langage d'amour de leur enfant et ainsi mieux communiquer leur affection. Dans la lignée de son premier ouvrage devenu best-seller, "les langages de l'amour", l'auteur propose ici des pistes de réflexion et des conseils pratiques bien utiles. Il est aidé ici par un pédiatre très apprécié.
EXTRAIT :
Denis et Hélène n'arrivaient pas à comprendre ce qui se passait avec leur fils Eric, âgé de huit ans. Elève au-dessus de la moyenne, il s'était toujours appliqué à ses devoirs scolaires. Mais cette année, ses résultats étaient plutôt médiocres. Lorsque l'institutrice avait terminé d'expliquer la leçon, il allait la trouver à son bureau et lui demandait de la lui expliquer une nouvelle fois. Il pouvait ainsi la déranger jusqu'à huit fois dans la journée. Avait-il des problèmes d'ouïe ou de compréhension ? Denis et Hélène lui avaient fait passer des tests auditifs et l'avaient présenté à un conseiller scolaire qui avait trouvé son niveau intellectuel tout à fait normal pour un enfant de son âge et de sa classe.
D'autres choses les préoccupaient à propos de leur fils. Eric adoptait parfois un comportement antisocial. A midi, l'institutrice s'arrangeait pour manger à tour de rôle avec ses différents élèves, mais Eric se montrait agressif et jouait des coudes pour pouvoir être près d'elle plus souvent. Pendant la récréation, dès qu'il apercevait sa maîtresse, il cessait de jouer avec ses camarades et se précipitait vers elle pour lui poser des questions insignifiantes et pouvoir ainsi se soustraire aux autres. Si l'institutrice participait à un jeu avec les enfants dans la cour, Eric s'arrangeait pour lui donner la main.
Ses parents avaient rencontré l'enseignante à trois reprises déjà, mais ni eux ni elle ne trouvèrent la cause des difficultés du garçon. Heureux et normalement indépendant les deux premières années scolaires, Eric était devenu « collant » sans raison apparente. A la maison, il se querellait plus souvent avec sa sœur aînée, ce que Denis et Hélène prirent pour une agressivité passagère.
Les parents participèrent un jour à mon séminaire sur le mariage et me parlèrent d'Eric. Ils étaient très inquiets, se demandant s'ils n'avaient pas affaire à un futur rebelle. « Dr Chapman, nous savons que ce séminaire est axé sur le mariage, dit Hélène, mais Denis et moi avons pensé que vous pourriez peut-être nous donner quelques conseils. » Puis la jeune femme décrivit les changements qui s'étaient opérés dans le comportement de leur fils.
Je demandai aux parents si quelque chose avait changé dans leur style de vie cette année. Denis m'expliqua qu'il était représentant de commerce et qu'il consacrait deux soirées par semaine à visiter des clients, mais que les autres soirs il était à la maison entre six heures et sept heures et demie. Il passait ces soirées-là à des travaux d'écriture et à regarder un peu la télévision. Le week-end, il assistait à des matchs de football américain et emmenait souvent Eric avec lui. Il ne l'avait pas fait cette année. « Je suis débordé. Je préfère regarder le match à la télé. »
?
Et vous, Hélène, demandai-je, avez-vous connu des changements dans vos habitudes de vie ces derniers mois ?
?
Oui. Quand Eric est entré à l'école maternelle, j'ai repris un travail à mi-temps. Mais cette année, je travaille à plein temps, si bien que je rentre à la maison plus tard qu'auparavant. C'est le grand-père qui vient chercher Eric à la sortie de l'école ; l'enfant reste chez ses grands-parents environ une heure et demie avant que je le reprenne. Les soirs où Denis a ses rendez-vous d'affaires, Eric et moi mangeons chez mes parents, et nous rentrons après. »
Le séminaire allait débuter, mais je sentais que je commençais à comprendre ce qui pouvait se passer chez Eric. Je fis aux parents du garçon la suggestion suivante : « Je vais parler du mariage, mais je souhaiterais que vous réfléchissiez tous les deux à la façon d'appliquer à votre relation avec Eric les principes que je vais énoncer dans mon exposé. A la fin du séminaire, j'aimerais connaître vos conclusions. » Ils parurent un peu désorientés de ce que j'aie mis fin à notre entretien sans leur laisser le moindre conseil, mais ils acceptèrent ma proposition.
A la fin de la journée, tandis que les autres participants s'en retournaient chez eux, Denis et Hélène se précipitèrent vers moi, l'air d'avoir fait une nouvelle découverte.
« Dr Chapman, me dit Hélène, je crois que nous avons une petite idée de ce qui se passe chez Eric. En vous écoutant parler des cinq langages de l'amour, nous avons compris tous les deux que le langage d'amour auquel Eric est le plus sensible est celui des moments de qualité. En repensant aux quatre ou cinq mois écoulés, nous nous rendons compte que nous n'avons donné à notre fils que des moments de qualité inférieure.
« Lorsque je travaillais à temps partiel, je prenais régulièrement Eric à sa sortie de classe, et nous faisions toujours quelque chose ensemble sur le chemin de retour ; parfois nous nous arrêtions quelques instants dans le parc, parfois nous faisions quelques courses, parfois nous allions au snack. De retour à la maison, Eric s'attelait à ses devoirs d'école. Après le souper, nous jouions tous les deux à un jeu de société, surtout quand Denis n'était pas là. Tout cela a changé depuis que j'ai pris un emploi à plein temps. J'ai conscience que je consacre moins de temps à Eric. »
Je jetai un regard sur Denis. « De mon côté, reconnut-il, je constate qu'autrefois j'emmenais Eric avec moi voir les matchs, mais depuis que j'ai cessé d'y aller, je n'ai pas remplacé cette relation père-fils par autre chose... Mon fils et moi, nous n'avons pas passé beaucoup de temps ensemble ces derniers mois.
?
Je pense que vous avez vu juste tous les deux, dis-je alors. Vous savez dans quel domaine votre fils se sent émotionnellement délaissé. Si vous arrivez à combler son besoin d'amour, vous avez de grandes chances de voir son comportement évoluer dans le bon sens. »
J'indiquai aux parents quelques moyens pour communiquer leur amour à Eric en lui consacrant des moments d'intimité auxquels l'enfant serait sensible. J'incitai Denis à réserver de la place à son fils dans son emploi du temps et encourageai Hélène à reprendre certaines activités qu'elle avait l'habitude de pratiquer avec lui avant qu'elle ne travaille à plein temps. Les deux conjoints semblaient très désireux de traduire leurs intentions en actes.
?
Il se peut que d'autres facteurs soient à prendre en considération, ajoutai-je, mais si vous accordez à Eric des doses suffisantes de moments de qualité et si vous essayez de comprendre les autres modes dans lesquels il perçoit l'amour, je suis persuadé que vous observerez des changements notables dans son attitude.
Nous nous sommes quittés là-dessus. Je ne reçus jamais de lettre de leur part. A vrai dire, je les avais même oubliés. Deux ans plus tard, je fus sollicité pour un nouveau séminaire dans leur contrée. Ils vinrent à ma rencontre et me rappelèrent notre conversation. Ils étaient tout sourire ; nous nous sommes embrassés, et ils m'ont présenté des amis qu'ils avaient invités à ce séminaire.
? Donnez-moi vite des nouvelles d'Eric, dis-je plein d'intérêt.
Ils sourirent.
?
Eric se porte à merveille, répondirent-ils. Nous voulions souvent vous écrire, mais finalement nous ne l'avons pas fait. En rentrant chez nous, nous avons appliqué vos recommandations. Au cours des mois suivants, nous avons accordé à notre fils un temps de qualité. En l'espace de deux ou trois semaines déjà, nous avons constaté un changement radical dans son attitude à l'école. Lorsque l'institutrice nous convoqua, nous avons eu peur. Mais cette fois-ci, elle voulait savoir ce qui avait pu provoquer un si grand changement chez Eric.
L'enseignante put les rassurer. Eric avait abandonné son attitude négative ; il n'éloignait plus les enfants d'elle au réfectoire, et ne venait plus sans cesse à son bureau pour demander des explications. Hélène lui raconta alors que suite à un séminaire dont le thème était : « Une meilleure communication de l'amour », elle et son mari avaient commencé à parler le langage d'amour auquel Eric était sensible. « Nous lui avons dit que nous avions commencé à donner des overdoses de moments de qualité », ajouta Hélène.
Ce couple avait appris le langage d'amour préféré de leur fils ; ils avaient trouvé la meilleure façon de lui dire : « Nous t'aimons », une façon qu'Eric comprenait bien. L'histoire de ce garçon m'a encouragé à écrire ce livre. Mon premier livre sur les langages de l'amour s'intéresse principalement à ce que ressent l'un des conjoints lorsque l'autre lui exprime son amour dans un mode particulièrement compréhensible. Un chapitre du livre est consacré à la découverte du premier langage d'amour de l'enfant. Ross Campbell et moi allons vous montrer maintenant comment ces cinq langages d'amour peuvent aider votre enfant à se sentir aimé.
Le fait de lui exprimer votre amour dans la langue qu'il comprend le mieux ne signifie pas qu'il ne se rebellera pas plus tard. Il aura simplement compris sans l'ombre d'un doute que vous l'aimez. Cette certitude peut lui procurer un profond sentiment de sécurité et un espoir solide. En parlant son langage familier, vous réussirez mieux à faire de lui un adulte responsable. Vous bâtirez sur l'amour.
Dans l'éducation des enfants, tout dépend de la relation d'amour entre le parent et l'enfant. Rien n'aboutira si ses besoins affectifs ne sont pas comblés. Seul l'enfant qui se sent vraiment aimé fera de son mieux. Vous avez beau l'aimer, tant qu'il ne le ressentira pas, c'est-à-dire tant que vous ne lui parlerez pas le langage d'amour qu'il comprend, il ne le saura pas.